Parlons santé des cheveux

Un changement dans sa vie, un changement de saison, un changement d’alimentation, sont autant de possibilités pour voir nos cheveux tombés par poignées, notamment visibles lors du brossage post lavage des cheveux ! Le terme médical pour parler de la chute des cheveux est l’alopécie. Cet article va faire le tour du sujet pour vous apporter les pistes d’améliorations pour avoir de beaux cheveux !

De quoi sont constitués les cheveux ?

La structure du cheveu n’est pas aussi compliquée qu’on pourrait le penser : le cheveu se compose d’une tige, d’un bulbe et d’une racine.

  • La tige est la partie visible et « morte » du cheveu puisqu’elle est constituée de cellules mortes remplies de kératine. Elle est entourée de deux gaines : la gaine épithéliale interne et la gaine épithéliale externe. La gaine épithéliale interne est riche en glycoprotéines et contient la partie nourricière nécessaire au développement du cheveu. La gaine épithéliale externe possède une composition voisine de l’épiderme.
  • Le bulbe, contenant la racine, prend naissance dans la matrice où des cellules en division poussent vers le haut des cellules plus anciennes. A l’intérieur de celui-ci, nous trouvons les mélanocytes, responsables de la pigmentation de nos cheveux. A la base du bulbe se trouve la papille dermique, partie « vitale » du cheveu dans laquelle les capillaires sanguins irriguent, nourrissent et oxygènent le cheveu. Cette papille est également le siège des synthèses de mélanine et de kératine, et c’est à ce niveau que s’effectue l’évacuation des déchets cellulaires.
  • La racine, ou follicule, est la partie « vivante » du cheveu. Elle est implantée dans le bulbe.

Schéma représentant le follicule pileux d’un cheveu

De quoi dépend la santé du cheveu ?

  • De la circulation sanguine : elle doit apporter un sang riche en substances essentielles pour le cheveu (acides aminés, vitamines, sels minéraux, etc.[1]) et doit le faire au travers de vaisseaux dégagés. L’irrigation s’établit par une multitude de micro-vaisseaux particulièrement fragiles. Lorsque ceux-ci sont compressés, le sang ne parvient plus librement aux racines.
  • Du sébum : le sébum est une matière grasse produite par les glandes sébacées associées au follicule pileux, qui lubrifie naturellement le cheveu, le protège et lui assure souplesse et brillance. Le sébum doit s’évacuer à l’extérieur du cuir chevelu. Dans le cas contraire, il risque d’engorger le follicule pileux, et de gêner les cellules de reproduction de cheveu. Par ailleurs, le sébum, s’il est trop chargé en toxines (graisses saturées et déchets cellulaires), se dépose sous le cuir chevelu et gène la circulation du sang, c’est pour cela qu’une bonne élimination favorise la croissance et la santé du cheveu. Une mauvaise élimination peut aussi favoriser pellicules et démangeaisons.

« Les cellules matricielles du bulbe folliculaire ont un renouvellement très élevé. Une carence calorique ou une privation de plusieurs éléments, y compris des vitamines, des minéraux, des acides gras essentiels et des protéines, causée par une diminution de l’absorption peut entraîner une perte de cheveux, des anomalies structurelles et des changements de pigments » [2]

Est-ce normal de perdre des cheveux ?

Chaque jour, nous perdons de 50 à 80 cheveux. Leur durée de vie est de 2 à 7 ans en moyenne. Le cheveu prend naissance dans ce follicule pileux avant de croître par cycles successifs, puis de tomber. C’est le cycle pilaire, au cours duquel s’enchaînent les phases anagène (phase de croissance qui dure de 2 à 5 ans), catagène (phase de repos qui dure environ 3 semaines) et télogène (phase d’expulsion du cheveu qui dure quelques mois).

Schéma représentant le cycle pilaire d’un cheveu

Qu’est-ce que la kératine et la mélanine ?

Le cheveu est composé de 95% de kératine : une protéine de structure, dure, fibreuse, et insoluble dans l’eau. Cette dernière rend le cheveu plus solide que des fibres en aluminium, ou en nylon, de taille similaire : elle assure ainsi la résistance et la protection du cheveu contre les agents extérieurs. Un cheveu cassant en contient donc très peu.

La kératine contient de nombreux acides aminés (thréonine, arginine, leucine, etc.). Deux acides aminés riches en soufre, la méthionine et la cystine, sont nécessaire à sa synthèse. Elle est produite par les kératinocytes qui sont les cellules constitutives du cheveu, situées dans la matrice, au niveau du follicule pileux.

La mélanine est un pigment qui colore aussi bien la peau que les cheveux. Elle est produite par les mélanocytes, et permet de créer, en fonction de sa quantité, 8 teintes naturelles de couleur de cheveu : noir, brun, auburn, châtain, roux, blond, gris et pour finir blanc. Plus les quantités de mélanine sont présentes dans le cheveu, plus le cheveu est foncé. Il existe deux types de mélanine, les phéomélanines (pour les teintes allant du blond vers le roux) et les eumélanines (pour les teintes allant du rouge au noir). Ces pigments sont synthétisés à partir de l’acide aminé tyrosine.

Comment bien nourrir son cheveu ?

Au regard des deux molécules que sont la kératine et la mélatonine, nous avons besoin d’aliments nous apportant les acides aminés suivants : méthionine, cystine, et tyrosine. Nous avons également besoins de minéraux comme le fer, le zinc et le magnésium. Indispensable au métabolisme des globules rouges, le fer joue un rôle vital dans l’oxygénation du follicule pileux. La chute des cheveux est d’ailleurs observée dès la présence d’une forte carence en fer. Le zinc et le magnésium préviennent le vieillissement prématuré du cheveu, en empêchant l’entrée des radicaux libres dans la microcirculation des follicules pileux. Le zinc est également indispensable à la morphogénèse du follicule pileux en activant certaines voies métaboliques pour la synthèse de la kératine. Le sélénium est un oligo-élément essentiel qui joue un rôle dans la protection contre les dommages oxydatifs ainsi que la morphogenèse du follicule pileux.

Les vitamines du groupe B, notamment la niacine (vitamine B3) et la biotine (vitamine B8)[3], Doivent être apportées par l’alimentation. Une carence en vitamine B3 conduit souvent à la pellagre (maladie combinant malnutrition ou malabsorption, dermite, diarrhée et souvent démence) ou à l’alopécie (chute des cheveux).

La vitamine D jouerait un rôle dans le cycle de croissance du cheveu : des études in vitro ont en effet montré une augmentation de l’expression des récepteurs de la vitamine D dans les kératinocytes de la gaine radiculaire externe pendant les phases de croissance du cycle capillaire[4].

Nutriments
Acides aminés dont méthionine, cystine, tyrosine et lysine
Fer
Zinc
Sélénium
Vitamines du groupe B, dont riboflavine (B2), niacine (B3) et biotine (B8)
Vitamine D, E et C
Acides gras

 

Sources végétariennes alimentaires de[5] :

  • Méthionine : blanc d’œuf (3204 mg/100g), graines de sésame (1656 mg/100g), œuf entier (1477 mg/100g), noix du brésil (1008 mg/100g), germe de blé (455 mg/100g), cacahuètes (309 mg/100g), amandes (151 mg/100g), etc.
  • Cystine : spiruline (662 mg/100g), noix de Grenoble (484 mg/100 g), les germes de blé (458 mg/100 g), les graines de tournesol (451 mg/100 g), les graines de sésame (440 mg/100 g) et les noix de cajou (393 mg/100 g). L’œuf et certains poissons en en contiennent également.
  • Tyrosine : banane, abricot, avocat, poivron, lentilles, œuf, amandes, germe de blé, graines de sésame, graines de courge, etc.
  • Fer : laitue de mer (78,9 mg/100g), wakamé (61,5 mg/100g), nori (37,2 mg/100g), Dulse (34,8 mg/100g), fenugrec graine (34,5 mg/100g), spiruline (28,8 mg/100g) ; comparativement au boudin noir qui en contient moins : 22,8 mg/100g. Pollen frais (11,6 mg/100g), moule crue (10,9 mg/100g), graines de lin (10,2 mg/100g), germe de blé (9 mg/100g), huitre crue (6 mg/100g).
  • Sélénium : Kombu royal (521 µg/100g), Kombu japonais (137 µg/100g), champignon cèpe (120 µg/100g), noix du brésil (103 µg/100g), luzerne (alfalfa – 90 µg/100g), jaune d’œuf cru (83,5 µg/100g), wakamé (72,5 µg/100g), nori (51,2 µg/100g).
  • Zinc : huitre crue (entre 22 et 45 mg/100g), germe de blé (14 mg/100g), graine de courge (7,81 mg/100g), sésame (7,24 mg/100g), luzerne (alfalfa – 6,90 mg/100g), lin (6,05 mg/100g), pollen partiellement séché (5,60 mg/100g), etc.
  • Vitamine D : jaune d’œuf (11,4 µg/100g), champignon chanterelle ou girolle (5,30 µg/100g), etc. Les poissons comme le hareng, la sardine, la morue, la truite en sont une excellente source. Il peut être intéressant ponctuellement, dans le cas où cela est nécessaire, de remanger un peu de poisson sur une période donnée, ou alors de se complémenter en vitamine D (il existe sur le marché une vitamine D végétale issue du lichen boréal).
  • Vitamines B2 : spiruline (3,67 mg/100g), nori (1,91 mg/100g), jaune d’œuf (1,57 mg/100g), etc.
  • Vitamine B3 : levure alimentaire (18,5 mg/100g), cacahuète (14,1 mg/100g), spiruline (12,8 mg/100g), chia (8,83 mg/100g), laitue de mer (8,59 mg/100g), sarrasin entier (7,02 mg/100g), nori (5,82 mg/100g), champignon girolle (5,44 mg/100g), sésame (5,16 mg/100g), pollen frais (4,84 mg/100g), graine de tournesol (4,80 mg/100g), etc.
  • Vitamine B5 : champignon shiitaké (21,9 mg/100g), jaune d’œuf (8,42 mg/100g), levure alimentaire (5,14 mg/100g), spiruline (3,48 mg/100g), etc.
  • Acides gras (lipides) : noix de pécan (72,9 g/100g), noix de Grenoble (67,3 g/100g), noix du brésil (66,7 g/100g), noix de coco (66,3 g/100g), noisette (63 g/100g), amande avec peau (53,4 g/100g), purée de sésame (53,4 g/100g), etc.

Si vous rencontrez des problèmes de chute de cheveux, intégrez ces aliments dans votre assiette !

 

[1] « Nutrition and Hair: Deficiencies and Supplements » Andreas M Finner. Dermatologic Clinics, 2013 Jan;31(1):167-72.

[2] « The Role of Vitamins and Minerals in Hair Loss: A Review » Hind M. Almohanna, Azhar A. Ahmed & al. Dermatology and Therapy (Heidelb). 2019 Mar; 9(1): 51–70

[3] « The Role of Vitamins and Minerals in Hair Loss: A Review » Hind M. Almohanna, Azhar A. Ahmed & al. Dermatology and Therapy (Heidelb). 2019 Mar; 9(1): 51–70.

[4] « Diet and Hair Loss: Effects of Nutrient Deficiency and Supplement Use » Emily L Guo, Rajani Katta. Dermatology Practical & Conceptual, 2017 Jan 31;7(1):1-10.

[5] Pour les données chiffrés, source CIQUAL/ANSES.

2 commentaires sur “Parlons santé des cheveux

  1. Un article très intéressant qui explique bien le fonctionnement des cheveux. Personnellement pour relancer la circulation du cuir chevelu, je me rince la tête à l’eau froide. C’est pas facile à faire mais c’est efficace 🙂

Répondre à Sarah Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *